mercredi 26 juin 2013

ACCESS PRIME TIME

Voilà l’été ! Vacances, repos, farniente et … grosse grimace pour les opérateurs. La période estivale est en effet synonyme de ralentissement de l’activité. Et 2013 s’annonce particulièrement difficile avec six premiers mois déjà en net recul par rapport à l’année dernière, et la perspective de passer pour la première fois depuis deux ans sous la barre des 4000 joueurs. Il y a un an, cette période voyait Chili, Titan, Winga jeter l'éponge. Dans ces conditions, la suractivité des dernières semaines s’explique par la volonté des rooms de se placer sur les meilleurs rails possibles avant la période de vaches maigres. La transposition au poker du fameux access prime time si cher aux télévisions, occuper le terrain, ou du moins ne pas laisser l’adversaire l’occuper pour limiter la casse au maximum en juillet et août. C’est le leitmotiv de ce mois de juin tant convoité, après un mois de mai dédié à Las Vegas et ses qualifications.

Pokerstars est le premier à dégainer, reprenant l’idée du mois anniversaire de 2011 (bonus de dépôt, Tremplin VIP pour boster le statut de fidélité) sous forme de surprises pour faire durer le suspense et augmenter sa visibilité sur les media poker. Cela commence par une baisse du Buyin de son tournoi phare, le Sunday Special, en faisant miroiter un freeroll au prizepool qui évolue tant que la garantie est couverte. Le lendemain, Winamax annoncait le retour de sa Trilogy (02 au 09 juin) avec pour cible une semaine complète d’animation autour de son offre de tournois. A peine celle-ci entamée, Pokerstars reprenait la parole : la semaine suivante (09 au 16 Juin) voyait les SnG à l’honneur avec des SnG « en or » disséminés au gré des tables. Pas question de laisser l’adversaire s’approprier une variante : le nouveau challenge Sit&Croc Winamax (17 au 23 juin) est lancé dans la foulée autour de son joueur professionnel en G.O. des tables de SnG. La partie de ping-pong se poursuit avec la dernière surprise de l’anniversaire Pokerstars. Le vainqueur du Classico du 23 juin a remporté, en complément du prizepool, une VW Polo, venant chasser sur les terres du Sunday Surprise de la room W. Pour la première fois depuis des mois, il passe devant son concurrent en termes de fréquentation*. 

Seul terrain d'entente pour les deux opérateurs : la réduction des coûts. Le Sunday Special subit un overlay récurrent depuis des semaines d'où la baisse de Buyin, exit l'Audi TT à remporter sur un freeroll en 2012 (ainsi qu'un voyage à Macao) remplacée par la VW Polo d'un Classico (BI 10€) en perte vitesse lui aussi. En face, le Trilogy ne concerne plus les joueurs de limites 20€ et plus, comme c'était le cas pour son lancement six mois plus tôt avec un des events à 30€, mais un overlay conséquent.


Les deux leaders du marché se rendent coup pour coup. Les Micro Series lancées mi-juillet 2012 reviennent pour une troisième édition avec quinze jours d’avance pour coller à l’actualité du Main Event des WSOP, mais aussi pour éviter que la concurrence ne lui coupe l’herbe sous le pied et s’assurer la présence de milliers de joueurs avant même le début des vacances tant redoutées. Winamax a annoncé quelques jours plus tard le retour de son Super Freeroll 100K dont le seul but est d’accaparer les joueurs sur ses tables pour décrocher le précieux sésame de septembre. Mais a conscience que cela ne suffit pas, l’opérateur français est inquiet de voir cette première semaine de juillet, ô combien essentielle, lui échapper. En quatre jours, ses équipes marketing vont inventer les Summers Shots, calés sur la même semaine que les Micro Series, renvoyant Nicolas Levi et son Sit&croc aux oubliettes, la finale du 23 juin étant passée totalement inaperçue, y compris sur le forum de l'opérateur.
Pokerstars venant d’annoncer un bonus de dépôt de 25% jusqu'à 100€, il y a fort à parier qu’un bonus apparaisse rapidement sur Winamax …

Les autres rooms tentent, elles aussi, de se montrer au grand public. En première ligne, PMU Poker et ACF se sont alliés en tout début de mois autour de l’European Football Poker Tour, évènement caritatif autour de personnalités du monde du spectacle et du sport. Le spécialiste hippique tente également d'enfoncer le clou avec sa promotion Top 5+, basée sur une cagnotte progressive selon le nombre de joueurs participant aux qualifications. Bwin se transforme en agence de voyages pour Old Trafford où elle invite désormais tous les mois des joueurs à rencontrer les stars de Manchester United,  espérant ainsi rentabiliser son partenariat onéreux avec le club. Dernière opération notable sur la période, Betclic lance un Caribbean Poker Tour proposant de décrocher des packages pour Punta Cana et St Marteen. Seul hic, la promotion dure cinq mois et risque de s’essouffler avant même d’avoir commencé. Plusieurs rooms, parmi les plus actives, ont disparu du radar : Everest au bénéfice de sa petite sœur Betclic, Unibet très discret depuis sa migration sur iPoker, Barrière semble avoir définitivement renoncé au poker et MyPok a décidé de joueur sa survie sur l’arrêt de sa grille de tournois pour se focaliser sur une offre de Cash en offrant un rakeback massif de … 12.5%. Prometteur.

La guerre fait rage également sur le terrain de la communication. Fin mai, Pokerstars profitait de la présence de Rafael Nadal sur la terre battue parisienne pour organiser un événement juteux en termes de retombées presse. Quelque jours plus tard, le service presse de Winamax communiquait sur la diffusion fin juin de trois reportages sur RTL9 autour de son Winamax Poker Tour, de l’EPT Deauville (victoire d’un joueur qualifié sur le site) et de Las Vegas. Coup de chance,  une actualité imprévue va tomber très à propos suite à la catastrophe Trilogy (bug sur les trois tournois pour le Day 2) avec le deuxième bracelet remporté par Davidi Kitai lors des WSOP.
Pas de relâche à la concurrence, qui joue sa 100 milliardième main sur la plateforme .com, et qui établit un nouveau record du monde avec 225.000 participants pour un turbo 1€ d’à peine 4h30. Rien de bien passionnant au demeurant mais même le buzz le plus insignifiant possible est toujours le bienvenu.
Tout ceci est agrémenté au fil du mois des tournois people de part et d’autre : Shooting stars vs Kill The Fish, Philippe Candeloro vs Moundir.


Enfin, dernière preuve de l’importance de cette période, Winamax précipite en quatre jours une nouvelle version de l’affrontement entre sa communauté Wampoker et le forum Clubpoker autour de son émission Radio. Rien de tel pour ne plus parler d'autre chose sur les forums concernés, et pour habiller le plus gros forum français aux couleurs de la room avec, on l'imagine, un coût très réduit.

Beau regain d'activité et de promotions pour les joueurs pourrait-on se dire. En effet. Pourtant la superposition des offres sur les mêmes périodes n'est pas toujours à l'avantage de joueurs qui ne savent pas profiter des avantages du multirooming. Sans compter surtout la baisse des budgets de manière conséquente et le cost killing qui a définitivement remplacé l'acquisition de parts de marché.
Et la concentration du marché est encore loin d'être terminée. 


soxav

5734 participants au Classico du 23 juin contre 5677 joueurs sur le Sunday Surprise.

mardi 18 juin 2013

L'HEURE DE LA RECRE : Partie II


Les rooms réorientent leur stratégie basée sur cette évidence : le joueur régulier de poker jouent en .fr,  continuent et continuera même si ses conditions de jeu se dégradent. Déjà captif sur les principales plateformes, c'est une vache à lait qui n'a plus besoin d’autant d’attention, et il ne sait pas profiter de la concurrence, à la différence de quelques avertis qui, eux, trouvent des moyens d’optimiser leur jeu. Le nouvel Eldorado pour les opérateurs, c’est « le joueur récréatif », terme sans connotation péjorative, désignant les joueurs occasionnels, débutants, amateurs de freeroll, ceux qui ne jouent pas encore, ceux qui ne jouent plus, qui jouent de loin en loin.
Depuis le mois d’avril, le réseau iPoker (Everest, Betclic, Turbopoker et récemment Unibet), propose ainsi à ses joueurs le choix entre des tables classiques et des tables anonymes, rendant l’utilisation des trackers impossible. L’objectif est de préserver le joueur récréatif en lui donnant plus de chances d’une expérience de jeu prolongée. Entendez par-là que les 32€ de dépôt moyen par compte joueur (source : Arjel) sont priés de générer un maximum de rake, pas de disparaître dans l’escarcelle d’un reg qui l’aurait détroussé en quelques mains de Cash Game. Comprenez également que c’est une bonne façon pour les rooms de limiter l’impact financier du ‘No flop No drop’, le joueur récréatif jouant pour voir des flops. Cette mesure sonne comme un premier pas dans une classification des joueurs par niveau et mode de jeu. Party Poker teste déjà sur sa plateforme internationale une segmentation permettant aux joueurs récréatifs de jouer entre eux sur des tables que le lobby des joueurs réguliers ne laissent pas apparaître. « Nous cherchons constamment des moyens d'équilibrer l'écosystème de notre room. Nos recherches ont permis de démontrer que les joueurs inexpérimentés jouaient plus et plus longtemps s'ils débutaient face à des joueurs d'un même niveau », confirmait un responsable de l’opérateur, amateur de lapalissade, sur 2+2 en début d’année.

Côté marketing, les idées aussi vont de plus en plus en ce sens. Le lancement de Guns & Glory a soulevé dès son lancement  des interrogations sur l’utilité d’une promotion poker sans argent à la clef. En misant sur l’aspect communautaire, le succès est immédiat auprès des joueurs « loisirs » cherchant à posséder des avatars aussi inutiles que la promotion se révèle efficace. Dans la foulée, la plateforme PartyGaming lance « Domination Mondiale », une banale rake race qui ne dit pas son nom : des villes sont à gagner, des continents à conquérir, des villes spéciales pour des freerolls et des prix immédiats en cash. La promotion parfaite pour le joueur récréatif, à mi-chemin entre le poker et le Risk. Pokerstars préfère la simplicité et l’efficacité d’une série de tournoi. Lancée au début de l’été 2012, les Micro Series s’adressent aux plus petites bankrolls en affichant des prizepools dignes des plus grands tournois (700.000€ pour la troisième édition du 30 Juin au 09 Juillet 2013), pas moins de cinquante tournois au programme dans toutes les variantes, et même un Main Event doté d’une garantie de 100.000€, qui se jouera comme par hasard le weekend de lancement du Main Event des WSOP à Las Vegas (07-16 Juillet 2013). Bien vu !
Les tournois ne sont pas épargnés. Les opérateurs combattent les overlays en rabotant les prizepools garantis, quitte à y laisser leur grille complète, comme iPoker première génération (Titan, Chilipoker) ou Partouche. Derniers exemples en date, Barrière Poker communique le lancement de nouveaux tournois, et revoit en même temps l’ensemble de sa grille à la baisse en catimini. Winamax dope son Main Event à 200K€, … et le Select passe incognito de 10K€ à 8K€.
La room W va désormais plus loin. Ce même Main Event, événement majeur par définition, se retrouve depuis un mois bradé à 50€ tous les dimanches soir, entre un Deep Run une heure plus tôt et un Top 50 une demi-heure plus tard pour le même prix. Les réguliers s’interrogent, on les rassure en arguant d’un prizepool garanti inchangé. Quand Erwann ‘IorDy’ Pecheux pose la question d’un retour au Buyin classique à 150€ en direct lors de l’émission radio où il est invité, surprise du côté des animateurs qui bafouillent que la durée n’est pas encore validée et passent rapidement à autre chose. La rentabilité immédiate est bien entendu un facteur important, car désormais les joueurs récréatifs vont pouvoir participer au plus grand tournoi de la room avec son Buyin du pauvre. Grand succès les trois premières semaines jusqu’au bouillon du 02 Juin et les 35.000€ d’overlay sur l’event à 200K€ garantis. Pokerstars ne laisse bien sûr pas son concurrent direct s’engouffrer seul dans la brèche et lance, sous couvert de troisième anniversaire, une promotion sur le Sunday Special à Buyin dégressif quatre semaines de rang. Après plusieurs semaines d’overlay, le tournoi couvre enfin à nouveau la garantie (portée par pur hasard à 200K€ comme le Main Event ce soir-là) avec cette promotion  … à 1% près seulement. L’occasion de venir jouer avec les pros était trop belle.

Plus proche de nous, la promotion Trilogy se décline en trois versions de 1€, 3€ et 10€ pour 150.000 €. Il y a six mois, cette garantie était celle de la seule version « High », à l'époque à 30€. Le bug qu'a connu le tournoi est donc encore plus dramatique dans ce contexte, avec des joueurs inondant les forums de leur ressentiment sur cette erreur, tout autant que la gestion de celle-ci, la plupart des joueurs réguliers passant, eux, immédiatement à autre chose. La mise en place d’un freeroll calmera les esprits récréatifs et portera le coût final de l’opération à près de 30.000€ pour l’opérateur. On ne lésine pas sur les moyens pour cette population de joueurs, même si l’investissement n’est pas le garant de la réussite. Barrière Poker devrait en apporter un cruel exemple dans quelques jours d’après Les Echos (13 Juin 2013). Il y a tout juste un an LB Poker annonçait 45 millions d’euros de pertes pour un CA de 4 millions d’euros. Douze mois plus tard, sa situation n'a pas évolué significativement, un nouveau partenaire serait le bienvenu, l'opérateur serait en train d'annoncer des coupes budgétaires drastiques et aurait décidé de mettre fin à bon nombre de partenariat d'affiliation. Après Partouche, le tour de Barrière est-il venu de jeter l'éponge ? 

Recruter de nouveaux joueurs n'est pourtant pas chose impossible. Dans le même temps, Bank of Poker, chantre du poker gratuit, vient d'annoncer 106.000 clients et affiche des ambitions internationales après une levée de fonds dans laquelle on retrouve les noms des fondateurs de Free, venteprivée.com et Allociné notamment. Excusez du peu !

Il ne manquerait plus que les opérateurs, prêts à tout pour remplir leurs tables,  se mettent désormais à courtiser les regs étrangers pour que la coupe des regs français soit pleine !


soxav

dimanche 16 juin 2013

L'HEURE DE LA RECRE (Partie I)

A quelques jours de la disparition de la room Partouche du paysage poker online français, son président Fabrice Paire, a expliqué l’échec de son entreprise sur le marché français par des sites ayant « opéré illégalement pendant des années depuis des bases étrangères », leur permettant de se constituer de fait « une cagnotte de guerre et d’écraser le marché »[1]. Il y a trois ans, les opérateurs dénoncés dans ses propos obtenaient une licence de l’Arjel, forts d’une stratégie effectivement fomentée depuis plusieurs années sur le recrutement et la fidélisation de joueurs les plus actifs, les regs. Trois ans plus tard, force est de constater qu’ils ne sont plus le nerf de la guerre. Place aux joueurs récréatifs !

Retour en arrière. Début de l’été 2010, le marché des jeux en ligne s’ouvre. Ou plutôt … se ferme sur le marché hexagonal. A l’occasion de la Coupe du Monde de Football, le gouvernement a mis les bouchées doubles, quitte à bâcler sa copie pour faire plaisir aux acteurs du marché et aux joueurs impatients de miser légalement. Dans les rangs des opérateurs de poker, cet amateurisme n’est pas de mise, cette ouverture est anticipée depuis des mois, voire des années. Leader mondial incontesté, Pokerstars base sa stratégie sur sa réputation sans faille, son logiciel souvent plébiscité et surtout un système de fidélité boosté jusqu’à plus de 40% de rakeback. Cible privilégiée : les joueurs réguliers qui génèrent du revenu bien sûr mais surtout engendre la liquidité qui attire de nouveaux joueurs. La room ne participe pas à la course au bonus de dépôt, limité à 500€, la campagne de communication grand public est restreinte aux chaînes de la TNT, moins chères. Son arme de recrutement massif, c’est son image et sa base client.

Opérateur franco-français, Winamax a construit sa stratégie depuis plus de trois ans en vue de ce Graal. Patrick Bruel a mis toute son image dans la bataille, la communauté Wampoker, face visible de l’iceberg durant la « prohibition .com», draine les foules en filigrane des émissions WPT sur Canal+. Pour l’entreprise, le lancement du marché français est vital. En cas d’échec ou de stratégie mal adaptée, il n’y aura pas de re-entry, pas de marchés annexes pour remonter un stack. Plusieurs semaines avant l’ouverture du marché cloisonné, les joueurs de la room peuvent se familiariser avec le logiciel développé par la room à coups de Wams, monnaie virtuelle échangeable en euros réels à l’ouverture du marché. Le système de fidélité est alléchant mais inférieur à son concurrent de pique, alors le bonus de premier dépôt est dopé à 1000€ pour compenser, avec une vitesse de clearance qui sera réduite de moitié à peine six mois plus tard, une fois que les joueurs ciblés, les fameux regs, auront été captés.

A quelques semaines du marché en .fr, l’état tranchait en faveur des sirènes des lobbies français (PMU, Barrière, Partouche) et imposait la fermeture de tous les comptes pour réouverture sous le format .fr. Pas avare en moyens, tous les joueurs clients chez Winamax se voyaient proposer un bonus cash immédiat, sans aucune notion de volume, de 10% du transfert du compte joueur « .com » au compte joueur « .fr » … Imparable, au grand dam d’Alexis Laipsker, directeur de la communication de Pokerstars, interrogé à l’époque sur la récupération de ses joueurs : « La procédure imposée par la loi est très contraignante […].  Cela a été un énorme gâchis, nous avons eu du mal à récupérer une partie de abonnés, notamment parce que nous respectons à la lettre les règles, ce qui n'est pas le cas de certains de nos concurrents. »[2]

Face à ce dumping acharné, les autres rooms ont tenté de tirer leur épingle du jeu. En vain. Leur seul axe de communication, à base de publicité et d’ambassadeurs VIP, se heurtent aux deux mastodontes, Pokerstars se lançant d’urgence dans la bagarre de la publicité avec les spots devenus fameux de Gaël Monfils et Sébastien Chabal à la rentrée de septembre 2010. Seuls Everest et PMU Poker surnagent un peu, grâce à son historique en .com pour le premier, et un fichier client hippique conséquent appuyé par un matraquage publicitaire d’envergure pour le second. A l’inverse, Barrière se lance tardivement et n’arrive pas à capitaliser sur le partenariat avec La Française des Jeux et ses millions de joueurs de loto, Full Tilt Poker ne refera jamais son retard suite à un allumage tardif. Enfin, les autres rooms d’ipoker, Ongame et MicroGaming vivront pour mourir à petit feu, ne parvenant jamais à attirer les joueurs réguliers pour atteindre la taille critique en nombre de tables de Cash Game qui tournent. Plusieurs n’arriveront même pas à attirer les joueurs … tout court.

Changement de cap amorcé en 2012, la concentration du marché s’est accélérée avec de nombreuses fermetures, la croissance à deux chiffres des premiers mois a laissé place à la morosité d’un Cash Game en berne depuis plus d’un an et une offre tournoi qui commence également à s’essouffler. La moitié des comptes joueurs engage moins de 10€ par mois (source : Arjel) et les regs s’inquiètent d’un fisc à l’odeur de l’argent alléché. Premier événement qui marque ce changement : Dans les derniers jours de 2011, Pokerstars tentait de faire passer en douce une diminution de son système de fidélité, prétextant une revoyure non revue. On imagine la déception et l’étonnement des dirigeants d’une entreprise internationale, leaders sur tous ses marchés, en apprenant qu’un gouvernement ne tient pas ses promesses ! La mobilisation des joueurs via Club poker limitera la casse à la marge, mais l’information importante est là : la marge de négociation des premiers jours (sit-in pour la règle du No Flop No Drop) n’est plus qu’un doux souvenir.
En fin d’année dernière, la room de pique présentait la nouvelle version de son logiciel, mettant en avant la simplicité et l’accessibilité dans le but d’améliorer l’expérience de jeu du joueur novice en particulier. En face, Winamax a développé une machine à joueurs récréatifs avec son très réussi Winamax Poker Tour : des freerolls sur le logiciel pour des freerolls en région et une grande finale au Cercle Clichy Montmartre aux nombreuses retombées médiatiques.

2013 marque sans conteste l’accélération du phénomène. Les rooms réorientent leur stratégie basée sur cette évidence : le joueur régulier de poker jouent en .fr,  continuent et continuera même si ses conditions de jeu se dégradent. Déjà captif sur les principales plateformes, c'est une vache à lait qui n'a plus besoin d’autant d’attention, et il ne sait pas profiter de la concurrence, à la différence de quelques avertis qui, eux, trouvent des moyens d’optimiser leur jeu. 
Le nouvel Eldorado pour les opérateurs, c’est « le joueur récréatif ».
soxav

lundi 10 juin 2013

LA MAISON DU BUG


Champagne en ce lundi matin dans les locaux de la filiale française de Pokerstars. Il faut dire que depuis une semaine, leur promotion « 3e Anniversaire » rencontre un vif succès, la deuxième édition de son "Quatre à la suite" en tête.  Mais c'est maintenant leurs concurrents qui leur prêtent main forte !
C’est la plateforme Party qui lance les hostilités il y a 10 jours avec sa nouvelle promotion mensuelle, La Course aux Etoiles. Avec 25.000€ de dotations par semaine, selon le statut de fidélité, les joueurs de la plateforme entament satisfaits cette race prometteuse : 250 joueurs sont récompensés pour les trois premiers statuts, 50 pour le niveau maximum dit « VIP », dont la moitié avec des euros sonnants et trébuchants. Mais on est chez Party Poker, tout est trop beau pour que cela se passe bien ! Premier loupé, l’opérateur a garanti que chaque joueur concourait sur son statut particulier. Premier couac, en trois jours des joueurs affichaient plusieurs milliers de points et trustaient les premières places des classements Bronze et Argent qu’ils avaient grindé en NL100-200. Plus qu’une seule solution pour les Bronze réguliers de NL2-NL20, multitabler 374 tables en s’équipant de 28 écrans … Les réactions ne se font pas attendre sur Pokerstrategy, forum particulièrement affilié à la room : dégoût et frustration des joueurs de basses limites, arrêt de la rake, la colère gronde.

Surtout qu’il n’est pas besoin d’être médium pour comprendre que ces nouveaux venus qui jouent directement en High Stakes ne sont autres que des regs de la plateforme qui se font un Party Trek : une semaine sur ACF Poker, une semaine sur PMU Poker, une semaine sur Party Poker et une semaine chez WPT Poker. La pilule doit être amère pour la room leader de la plateforme, PMU Poker, qui voit à coup sûr la perte la plus importante de regs à l’avantage de ses « partenaires ». Incapable de contrer la concurrence, Party Poker s’attaque à ses alliés et ses joueurs en même temps.


Puis vient le weekend et la  promotion Trilogy de Winamax. Neuf Day 1 pour échouer à couvrir les garanties annoncées, malgré des buyin et des prizepools adaptés pour amener des milliers de joueurs en Day 2 dimanche soir. Ce sera le tournoi le plus rapide de l’histoire, puisque après seulement trente minutes, une fenêtre affiche le Main-par-Main, avant que tous les tournois ne se ferment définitivement. En moins de trois minutes, les réseaux s’enflamment, les forums vibrent, les communautés trépignent. Réponse le lendemain matin sur le forum de l’opérateur, Clubpoker, avec les excuses de Guignol : « Le payout du Day 1 a été appliqué pour le Day 2 c’est à dire que le tournoi s'est terminé dès lors que l'on a atteint 12% de joueurs restants (en quelques minutes). […] C'est inadmissible de notre part de n'avoir pas remarqué que depuis une semaine la payout du day2 n'est pas affichée correctement. » On ne peut que louer sa transparence sur cet amateurisme.

On pourra en revanche s’étonner d’une communication très mal maîtrisée, d’abord hier soir à la radio avec une première annonce de report des tournois, puis de remboursements sans plus d’explication. « On a donc choisi de rembourser les joueurs selon les CGU», rajoute Guignol. Il n’en faut pas plus pour que les saillies communautaires repartent de plus belle. Ce n’est pourtant pas un choix, mais une obligation de rembourser puisque c’est inscrit dans les CGU. Toute autre décision mettrait Winamax en position « illégale » au regard du contrat signé avec chaque joueur.

A la machine à café chez Pokerstars, tout le monde se délecte des réclamations toutes plus saugrenues les unes que les autres : remboursement des joueurs éliminés en Day 1 parce qu’il n’y a pas de Day 2, Tickets 50€ pour le Main Event exigés, des sweats à capuche pour tout le monde, un freeroll de dédommagement doté de 10K€ (sachant que la petite sauterie a déjà coûté 6,5K€) pour les joueurs de tous les Day2, … Oui, chez Pokerstars, on se dit  "vivement qu’il n’y ait plus que deux ou trois intervenants".
Comme beaucoup de regs ne comprenant pas vraiment le marché du poker français …

soxav