lundi 12 décembre 2016

POKERSTARS EN PETITE FORME ?

"Trahison", "room sur le déclin", "réactivité inhumaine du support", "coule à la vitesse du Titanic" : sur les forums, Pokerstars fait l’unanimité avec sa nouvelle stratégie à base de préservation de l’écosystème, de baisse chronique du programme de fidélité et de mutisme face aux interrogations des joueurs. Qu'en est-il réellement de la situation du leader mondial et de sa maison mère ? Eléments de réponse ...


Pendant que la France du poker baignait dans le lancement du WSOP Circuit Paris, redécouvrait des variantes un temps oubliées, et suivait un Main Event des FCOOP de Pokerstars en recul (-13% de joueurs uniques, même si le format Re-entry permet de stabiliser le nombre d’entrées total), de l'autre côté de l'Atlantique le Directeur Général d'Amaya, R. Ashkenazi, annonçait les résultats trimestriels de l'entreprise. A cette occasion, il a rappelé les quatre priorités stratégiques de l’entreprise :
1- Accroître la position de leader du poker en ligne,
2- Devenir leader dans les jeux de casino en ligne,
3- Développer une offre de paris sportifs compétitive,
4- Atteindre l’excellence opérationnelle en améliorant l'efficacité et la rentabilité dans toute l'organisation.

« Sur ce 3ème trimestre, nous avons maintenu le cap sur nos quatre priorités, comme le prouve notre excellente performance. Je suis particulièrement satisfait de notre activité principale, le poker, sur laquelle les changements que nous avons initiés sur notre écosystème ont considérablement limité et même commencé à inverser certaines tendances négatives de ce marché. » - Amaya Report, Q3 2016 – 14 Novembre 2016

Tous les voyants sont en effet au vert : un revenu en hausse de 9,5%, dans la continuité des précédents (+10,2% en T2, +6% en T1), une prévision annuelle de résultat net ajusté en hausse de 344M€ à 354M€. Certes, le poker a connu une légère baisse de 1.3% sur ce trimestre alors qu’il restait stable sur le précédent, mais les produits de casino et de paris ont largement pris le relais. Le poker représente désormais  73% du revenu de l’entreprise contre 89% en mars 2015 !

Côté poker, Amaya a déjà annoncé une nouvelle diminution de son programme de fidélité qui devrait intervenir d’ici la fin du premier semestre 2017. Cette fois, l’opérateur a mis de côté la langue de bois pour exprimer clairement sa position sur le sujet de l’écosystème, selon Pokerfuse :
"Nous avons mis en place un plan afin d’améliorer l’écosystème du joueur récréatif 'net déposant', notamment en limitant et réduisant le jeu à gros volume et robotisé d’un petit pourcentage de joueurs 'Net retirants'."
Portée par un fort engouement sur les réseaux sociaux, l’action menée par des représentants de joueurs en début d’année s’est stoppée net au soir de leur rencontre avec les dirigeants d’Amaya, et de leur refus de faire machine arrière. Forte d’environ deux millions de comptes créés chaque trimestre, la firme canadienne affiche 2.4 millions de joueurs uniques actifs sur chaque période, en constante progression par rapport à 2015 : +1.7% au premier trimestre jusqu’à +5% de juillet à septembre. Sur cette dernière période, le nombre de comptes actifs ayant joué au poker a même augmenté de 3%.

Il faut dire qu’en complément des changements à l’encontre des plus gros joueurs, Pokerstars n’a pas ménagé ses efforts, via ses ambassadeurs cinq étoiles, affichés sur tous ses sites, promotions et campagnes de communication. Ainsi le lancement de ‘Raise it’ sur les réseaux sociaux mi-juin atteignait, à peine un mois et quatre vidéos plus tard, la bagatelle de 19 millions de vues et 1,1 millions de likes ! Avis à tous ceux qui ont pu un jour s’interroger sur le bienfondé de dépenser autant pour s’attacher les services de sportifs extérieurs au poker …

Pokerstars s’invite également sur de nouveaux terrains. Fin novembre, les anglais ont été les premiers à découvrir une publicité télé uniquement orientée jeux de casinos, confirmant les propos de R. Ashkenazi sur son ambition de faire de ce produit un vecteur de recrutement de nouveaux clients en 2017.

Dans le même temps, l’opérateur explore des approches hybrides. Après avoir lancé les tournois Bubble Rush en août, Win the button en septembre, le format Beat The Clock (BTC) est apparu sur tous les logiciels fin novembre. Le format reprend tous les atouts qui ont fait le succès des Spin&Go : format Zoom, rapide (5min), trois joueurs par table (ou 4 selon les pays), et un rake bien gras. Les plus attentifs se rappelleront les propos d’Alexis Laipsker, lors de l’émission Tour de Table 4 à propos de l’entertainment du jeu, qui « s’horrifiait que, quel que soit l’opérateur, il y ait un gameplay aussi pauvre ». Un petit mois plus tard, comme par magie, les tables BTC débarquent avec un arrière-plan personnalisé, une animation pour afficher le temps.
Début novembre, c’est de l’autre côté des Alpes que Pokerstars lançait sans bruit une nouvelle forme de compétition : Hearts and Spades. Son principe consiste à mixer egaming et poker, les joueurs participant d’abord à une compétition de Heartstones avant un tournoi de poker. De nouvelles compétitions ont lieu en décembre avant une grande finale le 17 janvier dotée de 5000€. A cette occasion, le Team Pro Pokerstars Luca Pagano aurait eu, tout seul, la bonne idée de créer la Team Qlash pour optimiser la communication autour de l’évènement

Pokerstars est sur tous les fronts. Fin novembre, la room redémarrait son activité au Portugal, surprenant tous les observateurs par le succès rencontré. En une semaine, selon Pokerscout, elle a même soufflé la deuxième place mondiale à 888.com , grâce à une campagne de lancement agressive (bonus de dépôt, Card Hunt). Il faut noter que le Cash Game est fortement aidé par l’absence de Spin&Go et des tournois Beat The Clock, et le monopole dont dispose la room pour l'instant. Aux Etats-Unis, elle s'est adjugée plus de 40% de parts de marché dans le New Jersey, boostée par une série NJCOOP qui a distribué près d'1,5 million de dollars.
A l'inverse, Amaya n'hésite pas à quitter des marchés où la régulation n'est plus favorable. Après Israël et la Slovénie cet été, le Directeur Financier Daniel Sebag a confirmé lors de la présentation des derniers chiffres trimestriels qu'un retrait d'Australie (2.5% de son revenu total). 

Pendant que les joueurs français pleurent leur room préférée d’antan, Amaya avance à vitesse grand V, rationalise ses filiales, repense son circuit live, réoriente son système de fidélité vers un jeu non centré sur le poker, personnalise ses promotions selon le jeu de ses clientsL’industrie des jeux ne s'y trompe pas : le 28 Novembre, Pokerstars a été sacré ‘Opérateur Poker de l’année’ lors de la cérémonie organisée par EGR … pour la troisième année consécutive. "Nos clients sont notre priorité, et nous faisons notre maximum pour que cela le reste" déclarait le Directeur Poker, Séverin Rasset.
Un français avec un avis positif sur Pokerstars, c'est rare !

soxav

mardi 6 décembre 2016

FREEROLL EN SERIES : Freerolls to heaven ?




C’est la dernière tendance à la mode lors des Series : le freeroll, en complément de l’offre bonus quasi incontournable. Ils récompensent un dépôt, une participation ou la réalisation d’une mission. Remporter son ticket pour un Main Event a-t-il fait des heureux ? Découvrez comment les rooms déploient cet outil.

Fin Octobre, au milieu des 90 events des FPC VI que proposaient les rooms du réseau Bwin Party (PMU Poker et les rooms éponymes), l’Event #65 était un freeroll (50 Tickets à 150€ offerts) ouvert à tous les joueurs ayant participé à trois FPC minimum jusque-là. Sur les 4200 joueurs uniques éligibles, un quart s’est présenté sur la ligne de départ. Au final, onze d’entre eux ont réussi à convertir le ticket gagné lors du Main Event, dont 'Atilalechien', régulier bien connu de la plateforme, ayant jusque-là participé à 61 Events sur 64 possibles. Il atteint la table finale (7e pour 3825€). En moyenne, les vainqueurs de ce freeroll avaient participé à 12 FPC, 60% d’entre eux étant plutôt des joueurs récréatifs (moins de 10 events joués). Ils représentent 7% du field du Main Event et près de 9% des joueurs payés sur le tournoi.

La semaine suivante, c’est iPoker (Unibet, Betclic) qui dégainait une nouvelle formule avec les Poker Games. Deux freerolls en mode all-in ouverts aux joueurs, garantissaient 60 tickets pour le Main Event à 50€. Le premier nécessitait un dépôt de 23€ minimum sur Betclic ou 30€ sur Unibet. Le second, similaire à la concurrence, était éligible sous réserve de participation à un des Events précédents. Alors que 2719 ont participé au Deposit Freeroll, ils ne sont que 1254 sur le Mission Freeroll : les regs de Cash game semblent avoir pleinement profité de l’effet d’aubaine !
Ils seront 7 dans l’argent, dont un reg MTT Low Limit qui remporte 1243€ pour sa 6ème place.

Lors des Winamax Series, événement des rentrées de septembre, la room a affolé les compteurs tant en nombre de participants uniques que des montants de prizepools atteints. Du côté des freerolls, son outil promotionnel favori, les joueurs pouvaient prétendre d’un Freeroll (50 tickets Million Event 150€) à quatre Freerolls (de 50 à 200 Tickets) selon les niveaux de dépôt réalisé (30€ à 120€). 390 joueurs se sont partagés les 400 tickets distribués, avec une mention spéciale à 'Valie13' qui en ship deux en autant de tentatives sans jouer le moindre Event WS en dehors !
Seuls 82 d’entre eux atteindront le Day 2 du Million Event, dont 50 dans les places payées. C’est 'jedifab' qui réalise la meilleure performance en atteignant une 70ème place synonyme de 1400€. En tout, cinq joueurs qualifiés se hissent dans le Top 100 pour des gains supérieurs à 1000€.

Et Pokerstars ? Les FCOOP n’ont pas droit au même traitement, mais au classique Freeroll du Million. Doté de dix tickets, il s’agit en fait d’un Freebuy avec Rebuy et Addon de 2,00€, permettant à la room d’en financer plus de la moitié par les joueurs. Fort de 8757 participants, ce freeroll regroupe à lui tout seul un field équivalent à près de 80% du nombre total de joueurs uniques des 40 Events de la série... Il faut dire que 76% des joueurs de ce freeroll n’ont pas joué un seul FCOOP. Quant aux dix rescapés après 7h20 de jeu, aucun ne dépassera la 370e place. Deux d’entre eux, joueurs de Low Limit, sont néanmoins parvenus à arracher cinq bounties.

Ces freerolls sont-ils des outils de fidélisation des clients réguliers, de recrutement ou de réactivation d’anciens clients ? Cela ne semble pas très clair dans l'esprit des opérateurs. Ils gagneraient pourtant à mieux cibler ces promotions, et raconter de belles 'success stories' sur les forums, les réseaux sociaux, ... Côté joueurs, on est encore loin de la belle aventure live d’un jeune nancéen au WiPt en mars dernier. 

soxav